vendredi 6 décembre 2013

Panique à l'écurie 2e épisode

Le lendemain, lundi, heureusement férié, j'ai encore pu rester auprès de mes petits protégés. Mon Nounou semblait aller mieux, Cokette aussi. Nounou prenait un peu plus d'appétit mais ne réclamait toujours pas de rejoindre ses copains dans la pâture. En temps normal, il aurait été fin fou de se trouver séparé d'eux. Là, il ne se mettait même pas à la porte et vivait tranquillement ses journées à son rythme. Qali était toujours là avec lui pour lui éviter la solitude. La journée se passa bien; Nounou semblait moins abattu même s'il ne pétait encore pas le feu!
Toute la semaine, je laissai Nounou autour du terrain et je le mis en pâture deux heures à partir du mercredi. Il était content et ça m'a fait plaisir de le voir faire quelques foulées de galop pour entrer joyeusement dans la pâture. Qali aussi était content de retrouver le goût de l'herbe. Cokette, de son côté, ne marqua plus spécialement de signes d'alerte, mais tout mon petit monde restait au phyto, par précaution et parce que je voyais que ça leur faisait du bien.
A force de les voir tous présenter des symptômes, il fallait bien penser à une intoxication. Une intoxication, d'accord, mais à quoi? C'est très difficile de savoir d'où vient une intoxication. Elle peut venir de quelque chose avalé la veille ou des mois en arrière! En plus, les derniers temps, il y avait beaucoup plu et les pâtures étaient un peu inondées: qu'avait pu faire remonter l'eau? Et tous ces grands vents, ces bourrasques! Qu'avaient-ils bien pu emmener jusqu'à la pâture? Une foule de questions se bataillait dans ma tête. Beaucoup de questions et aucune réponse! Juste de quoi avoir la tête à l'envers! J'ai donc fouillé sur internet pour tenter de trouver une réponse à partir des symptômes présentés, notamment les coliques spasmodiques, l'abattement, des difficultés urinaires. Je me suis intéressée aux intoxications par les plantes et ça fait peur!! J'ai découvert l'intoxication au sénéçon qui pouvait correspondre à ce que pourraient avoir mes cocos. Et ça fait encore plus peur! Le sénéçon est une plante toxique même séchée, donc si elle se trouve dans le fourrage, elle garde toute sa toxicité et devient appétante alors que, sur pied, les chevaux la délaisse à cause de son côté amer. Elle contient une toxine que les chevaux n'éliminent pas, donc, pour atteindre la dose créant une pathologie, ils peuvent en étaler l'absorption sur plusieurs mois. Quelques tiges ingérées par jour pendant deux à trois mois pourraient suffire à tuer un cheval! Cette toxine attaque le foie et les chevaux meurent d'une cyrrhose.



Après avoir vu une photo du sénéçon sur le net, j'ai vite fait le rapprochement avec une plante que j'avais vu pousser dans mon petit parc en bord de route où je mets les poneys, mais aussi dans ma cour. Je m'étais alors demandé ce qu'était cette plante que je trouvais plutôt jolie! Mais le lieu de pousse (le bord de route) correspond tout à fait à ce que j'avais lu, à savoir que les semences sont transportées par les camions et dispersées le long de leur trajet. Il faut savoir que c'est une plante d'Afrique, qui s'est installée dans le Sud de la France et qui se dissémine petit à petit à l'intérieur du Territoire par la voie des transports. Ayant constaté la présence de sénéçon, chez moi, j'en ai déduit qu'il était possible qu'il y en ait dans les prairies où le foin avait été ramassé, puisque j'achète à un paysan du secteur.




J'ai lu que le sénéçon séché présentait des grandes tiges violettes. Et je me souvins que, dans le foin de l'année dernière, il y avait un grand nombre de tiges! Violettes? Je ne sais plus, mais je me souviens avec certitude qu'il y en avait beaucoup. L'étau semblait se resserrer autour de cette version. Horrible version! Puis, le jour où je lus que les tiges étaient violettes, je découvris des petites tiges violettes dans mes petites bottes de foin! Horreur! Moi qui venais, depuis une semaine, de repasser aux petites bottes, dans l'hypothèse où la grosse balle de foin que j'avais entamé la veille du malaise de monNounou, soit incriminée dans l'histoire! Moi qui avais cru bien faire, peut-être que j'étais en train de les empoisonner encore un peu plus! Un véritable cauchemar! Et il fallait bien nourrir mes chevaux! Imaginez ce que cela peut être d'avoir peur du foin que vous donnez!


J'appelai mon marchand de foin et lui raconté l'histoire. A ce moment, j'avais la terreur de les perdre tous, de les voir partir les uns après les autres. Mon fournisseur ne connaissait pas le sénéçon.
J'espère qu'il a pris des informations depuis! Il m'a ramené une grosse balle venue d'un secteur qui ne soit pas en bord de route et j'ai pu nourrir mes chevaux, me persuadant que c'était bon. En réagissant par la crainte de ce que j'aurais pu leur donner, je crois que je n'aurais jamais tenu le choc mentalement.

Pour voir si le diagnostic de l'intoxication au sénéçon était recevable, mon véto vînt leur faire une prise de sang pour mesurer la hauteur des gamas. Je vous raconte la suite au prochain épisode!

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